dimanche 17 août 2014

Quelques réflexions sur le combat pour la vérité à l'occasion de la loi "Mariage pour tous"

En premier lieu cette affaire de « Mariage pour tous » est un combat pour la vérité, sans laquelle il ne peut y avoir ni justice, ni droit, ni vie. Chacun des « camps »  -  je n’aime pas ce terme, mais je l’utilise faute de mieux pour le moment – se réclame du camp de la vérité, de la justice et du droit.

Les défenseurs du mariage traditionnel, sans forcément y avoir réfléchi, ont fait le choix du réalisme. ‘‘Veritas est adequatio rei et intellectu’’ La vérité est l’adéquation de l’intellect à la chose. Ce sont les choses, c’est le monde qui nous précèdent qui irradient leur être et c’est nous qui en les assimilant intentionnellement (c’est-à-dire par la pensée, non par la destruction), devenons ces choses et ce monde et grandissons en sagesse et en grâce. Cette assimilation se réalise par la contemplation – le regard méditatif et approfondi sur un objet de la pensée – et l’imitation. Nous nous grandissons dans la mesure où nous acceptons avec humilité de nous plier à l’ordre des choses. Elles nous livrent ainsi leurs secrets et leur puissance que nous sommes alors capable d’utiliser à notre service. Pour devenir puissant il faut donc d’abord se faire petit, être humble, reconnaître que nous ne savons pas, que c’est le monde qui sait. Les progrès des sciences viennent tous d’une contemplation plus approfondie du réel, d’un regard plus précis et plus attentif qui suppose une interprétation adéquate de ce qui est vu pour en décrire les mécanismes effectifs.

Les partisans de la ‘‘modernité’’ et du ‘‘progrès’’ pensent au contraire que leur parole peut et doit faire plier la réalité. Ils revendiquent pour eux, sans forcément s’en rendre compte, le pouvoir créateur de La parole originelle de la Genèse. Dieu dit… et cela fut. Mais comme la réalité résiste, qu’elle est têtue, ils la font plier en changeant les mots, en inventant des mots qui piègent la pensée en suscitant de fausses oppositions. On invente des termes comme homosexuel et hétérosexuel pour mettre sur le même plan sémantique des réalités profondément différentes. On veut en effet avec ces termes faire passer l’idée que les relations homme-femme, femme-femme ou homme-homme sont du même ordre, qu’elles sont prédatrices ou au contraire oblatives dans un cas comme dans l’autre. L’expérience commune étant en effet la relation homme-femme et celle-ci étant normalement vécue comme donation mutuelle, équiparer les termes revient à revêtir de ces même caractéristiques la relation entre personnes de même sexe. Utiliser le terme hétérosexuel c’est donc ratifier une arnaque. D’abord c’est un barbarisme ; hétéro vient du grec, sexuel du latin. Ensuite hétéro veut dire différent/extérieur et sexuel veut dire fendu/séparé. Sexe désigne d’abord la femme, celle qui est fendue, ouverte à la vie. Hétéro-sexuel voudrait donc dire en rigueur ; différence dans la séparation. Or la relation homme-femme n’a pas vocation à être une séparation mais une communion dans la complémentarité dont le fruit est la famille à laquelle renvoient les mots qui désigne celle-ci : mariage, couple, alliance, foyer, union conjugale…  Avec ces mots tordus, pas d’humilité mais une prise de pouvoir par le biais du langage. On ne nomme pas, ce qui reviendrait à essayer de traduire en langage humain la richesse d’un être ou d’une situation, on novlangue.

C’est donc un combat d’idée, similaire à celui entre Michel et Lucifer dans lequel on combat à coup d’arguments. Michel avait gagné en disant ‘‘Qui est comme Dieu ?’’ Aujourd’hui la pensée moderne revendique une efficacité divine pour sa parole. C’est cette revendication qui est un des enjeux du débat.  C’est pourquoi il faut faire la grève des mots tordus. Ne pas les laisser passer par nous. Les utiliser leur donne une légitimité qu'ils n'ont pas. Ignorer les médias qui utilisent ces mots comme des armes. Les laisser parler dans le vide. Se débarrasser des télévisions dont les émissions sont de toute façon accessibles sur Internet en cas de besoin. Ne plus acheter de journaux tout en y acceptant le cas échéant la publication de textes écrits par nous. En contrepartie accepter le fait qu’il faille payer l'information le prix qu'elle vaut. On ne peut se plaindre des conséquences néfastes des maux que nous chérissons comme disait Bossuet. Donc vouloir une information gratuite et ensuite râler parce qu’elle est frelatée ou orientée par ceux qui tiennent les cordons de la bourse c’est contradictoire. Il est par contre vrai que les médias dans notre pays sont gavés de fonds publics c’est-à-dire de notre argent ; 1,8 milliards d’euros environ soit 10 à 15 % de leur CA. 400 millions d’aides directe à la presse, 600 millions d’aides indirectes, 80 millions de niche fiscale aux journalistes, 700 millions à l’audiovisuel public sans compter les déficits déductibles des impôts pour les grands groupes propriétaires de médias. Il convient de lutter contre cet état de fait, soit en rendant aux contribuables le fléchage de cet argent, soit en le supprimant, ce qui serait assurément meilleur pour tout le monde.

Ce système de subventionnement du discours médiatique doit nous permettre de prendre conscience que c'est une guerre de la vérité contre le mensonge où les partisans du réel sont pour le moment en infériorité intellectuelle, financière et psychologique. Toutefois elle ne se gagnera pas en étant les plus forts, mais simplement en refusant le dialogue avec la tentation, en entrant en dissidence. Affirmer et réaffirmer les faits. Nous ne sommes pas chargés de faire croire à la vérité mais de la dire. Nos actes deviennent ou redeviennent un combat. Les actes moraux, qui engagent le bien et le mal. Pas les actes infra-moraux qui eux doivent juste être le trop-plein de notre moralité, pas sa seule expression. Éteindre la lumière pour faire des économies ou donner sa place dans le métro n'est pas un acte moral, juste une habitude ou une coutume, bonne, mais sans poids décisif puisqu’elle n’a de valeur que vivifiée par une vie morale réelle.
L'action commence donc par la prise de conscience, laquelle est une réflexion approfondie qui informe – donne forme – à l'action. Une action véritable, qui transforme vraiment, ne fait que découler de la contemplation de la vérité. Cette contemplation, cette capacité à hiérarchiser, à discerner l'essentiel de l'accessoire, c'est une des choses auxquelles initient les Veilleurs en offrant un mélange de silence, de temps gratuitement donné, de textes profonds et vrais qui interpellent la conscience. C’est une des façons dont on peut réveiller une conscience assoupie de la torpeur dans laquelle l'hébétude médiatique la maintient. 


Toutefois une part de la défaite que nous ressentons est aussi due à l'oubli de créer de la culture par la création de vie, laquelle ne peut se faire que reliés à Dieu. A ce sujet le discours de Benoît XVI aux Bernardins est à la fois lumineux et réconfortant tout en offrant un modèle concret[1]. Les Veilleurs[2]  sont une manière de produire de la culture en vivant le refus de cautionner le mensonge. Ce refus n'est pas suffisant en soi. Il ne peut durer que s'il s'enracine dans la recherche et le service de la vérité qui est à la fois justice et bonté. La vérité sans l'amour ça tue mais l'amour sans vérité c'est de la gimauve. Cette recherche de la vérité commence à la maison, dans le travail, avec son banquier, en politique.


Ce réveil n’est que le premier pas. Une conscience, parce qu’elle est vivante, doit être alimentée et sans cesse stimulée si elle ne veut pas mourir. Il y a tant de façons de mourir : étouffé par les soucis de l’argent et de la vie, miné par le désespoir, endormi par la télévision, vendu aux partisans du mensonge… Dit en d’autres termes il faut sans cesse élargir sa zone de confort, au prix d’un petit inconfort quotidien. Le signe que les choses vont mal c’est une conscience qui ne nous interpelle plus, pour laquelle tout est bien et rien n’est à changer. Car la conscience s’affine en la faisant grandir et elle nous pousse sans cesse à agir plus et mieux, à mesure que nous gagnons en délicatesse. La correction fraternelle, aussi bien que l’art de consoler, sont le propre des orfèvres qui savent faire passer un message à travers un regard, une inflexion de voix, un petit mot banal. Les messages ainsi transmis et les changements qui en découlent sont imperceptibles, mais ce sont ceux qui changent le monde, parce que le monde est fait de ces changements. Personne ne peut voir une fleur ou un arbre pousser. Pourtant après cinq, dix ou cent jours là où il y avait un simple bourgeon il y a une plante ou une branche robuste et florissante.

Ce combat pour la vérité se révèle en fin de compte un combat pour être, tout simplement. Contre la vie, contre l’être, on ne peut rien faire. Ce qui est ne peut être effacé ou détruit, tout au plus transformé. Dieu lui-même ne peut pas détruire ce qui a eu lieu car ce serait se renier lui-même. En fait si les modernes ont eu cette idée que leur parole pouvait changer le réel c’est que certains religieux sont tombés dans cette tentation avant eux… Le salut ne pouvant venir que de là où est venu le mal c’est à d’autre religieux de vaincre ce mal par un surcroît d’être ou dit autrement un enracinement plus profond dans l’être des choses. Ceci ne peut se faire qu’en vivant consciemment et intensément chaque instant de leur vie, c’est-à-dire en y consentant pleinement, surtout  à toutes les petites morts dont cette vie est faite.  

C’est une recette très simple, mais particulièrement dure à appliquer à chaque instant. En fait vivre de cette façon rend impossible de commettre le mal puisqu’on se retrouve confronté à la négation de soi-même, ce qu’on être ne peut pas faire. Malheureusement la force intérieure nécessaire à une telle perfection n’existe pas en nous, chacun le sait trop bien par expérience personnelle. C’est là que la nécessité du salut  de la rencontre avec l’Absolu  se fait jour. Pour vivre vraiment il faut donc commencer par recevoir cette vie de la part de l’Absolu, de Dieu. Devenant des mendiants de vie on peut alors donner ce que l’on a reçu et ainsi se faire porteur de vie autour de soi, un beau résultat pour un chercheur de vérité…

Le véritable problème du mariage entre tous

Le mariage entre tous – qui est le véritable non de la réforme portée par la ministre Taubira – pose toute une série de problèmes qui vont bien au-delà des conséquences immédiates pour les enfants. Toutefois, faute d’avoir été clairement désignés, en allant à la racine des choses, le débat précédent l’adoption du texte n’a pas eu lieu. On a assisté à des invectives réciproques, lesquelles ont en partie masqué les incertitudes de chacun vis-à-vis des questions en jeu : quelle place pour les personnes qui ne vivent pas une vie de famille normale, quelle place et quelle mission pour le couple homme-femme aimant, quel but pour cette vie mortelle ?

Comme témoin pendant les veillées, en lisant les commentaires et les réactions publiées ou relayées par les médias aussi bien mainstream qu’alternatifs c'est avec plaisir que je constate que les initiatives comme les Veilleurs ou les Sentinelles suscitent l'intérêt, même négatif des "partisans" de la loi Taubira. Cela signifie qu'un véritable échange est possible. La démarche des Veilleurs – et des autres initiatives de réveil des esprits – est donc pertinente. Leur silence, leur présence invitent et presque obligent les passants, spectateurs, badauds ou opposants à rentrer en eux-mêmes et à donner des arguments, ce qui conduit chacun, plus ou moins rapidement à s’interroger sur ses propres motivations dans ce débat.

Je constate également que de part et d'autre nous sommes encore dans l'invective et les simplifications et la première mission des Veilleurs est donc bien d'ouvrir les participants aux veillées à la totalité du réel, y compris la souffrance et les besoins réels des personnes dites "homosexuelles". La loi Taubira ne pourrait pas exister sans un problème réel et une souffrance profonde de la part de personnes de même sexe vivant ensemble. D’une manière plus générale des termes comme ‘‘homophobes’’ ou ‘‘gayxtremisme’’ témoigne d’une ignorance et/ou d’un mépris des personnes réelles qui doit cesser. Il ne faut pas confondre le problème et son instrumentalisation par un lobby ou un groupe idéologique. A cet égard j’ai noté la pertinence du fondateur des Veilleurs debout qui a relevé le risque non négligeable de superficialité qui guette tout participant à une action d’éveil de la conscience qu’elle soit le fait des ‘‘bons’’ comme les Veilleurs ou des ‘‘méchants’’ comme le Front de Gauche (inversez les rôles si vous vous sentez proche du ''Front de Gauche''). Devant la difficulté physique et la remise en cause de notre propre confort personnel, surtout le confort de la pensée prémâchée, la tentation est grande de fuir par le rêve, la musique sur les oreilles,la lecture de divertissement, le bavardage ou encore plus simplement la répétition mécanique et impensée de slogans appris, comme le font les perroquets.

Veiller sur le réel implique donc aussi de savoir reconnaître et accepter ses propres limites, y compris en arrêtant de Veiller debout ou assis. Si le premier résultat de notre veille n’est pas de nous sensibiliser davantage au réel et à ses limites, nous faisons fausse route. C’est uniquement si nous sommes connectés au réel, enracinés dans la vie, que nous pouvons saisir l’injustice du mariage entre tous et nous engager dans une lutte efficace. Le problème de la loi Taubira et de ses conséquences implicites (mères porteuses, enfants privés de leur père ou de leur mère) vient de confusions et d'amalgames entre trois problèmes, utilisés par les promoteurs de l'idéologie moderniste pour accélérer la décomposition de la société occidentale.
1) La signification de l'homosexualité
2) Le rôle et la place des personnes ayant une attirance pour les personnes de leur sexe
3) Les besoins spécifiques des personnes vivant en couple non familiaux

Ce sont ces trois problèmes qui seront très rapidement esquissés ici. Traiter de manière adéquate ces questions demandera encore des années d’études et de recherches scientifiques, psychologiques et théologiques, mais il faut donner un axe de travail et ceci est une première proposition.


1)      La signification de l'homosexualité

Il semble plus approprié de parler de "ganymedisme" ou de "lesbianisme" pour rendre son aspect concret, partiel et différencié à l’attirance d’un homme ou d’une femme pour les personnes de même sexe. A cet égard un mot concret et descriptif, servant à désigner ce type d’attirance affectivo-sexuelle stable serait le bienvenue pour améliorer la qualité du débat de société.

Ce qui est donc appelé par facilité "homosexualité" est un trouble de la personnalité (il est ressenti comme tel par les intéressés) qui se caractérise principalement par un conflit entre leur attirance affectivo-sexuelle et leur conformation physique. Ils se savent faits pour s’accoupler avec les personnes du sexe opposé, mais ressentent un désir pour celles de leur sexe. Les causes de ce troubles sont mal identifiées et potentiellement nombreuses ; d'ordre aussi bien physique (perturbation des hormones, gestation problématique, vaccins...) que psychologique (traumatisme relationnel avec le parent du même sexe, initiation sexuelle par un adulte du même sexe, pornographie homosexuelle pendant la pré-puberté, conflits relationnels avec les jeunes du même âge...). Chaque personne concernée aura une histoire et un vécu différent, mais toutes doivent affronter un "syndrome" dans le sens où elles sont en conflit avec la part "reproductive" de leur sexualité. C'est une blessure profonde qui doit être reconnue et acceptée aussi bien par l'intéressé que par son entourage. Nous assistons ici au même phénomène d’ignorance et de manque de délicatesse qu’envers les personnes handicapés ou âgées. Faute d’être dans le concret, le contact physique et le réel on aggrave trop souvent la souffrance des intéressés en la camouflant ou en la niant.

Etre pour ou contre l’homosexualité, en réalité c’est passer à côté du problème et cela peut aller, entre personnes ayant une attirance homosexuelle, jusqu’à des actes homophobes, comme l’a montré Philippe Ariño dans ses essais[1]. Ceux-ci prennent la forme d’une pratique ou d’un refus exacerbé de cette attirance, faute de l’avoir comprise et accepté.

En effet ressentir n'est pas consentir et cette attirance, même si elle est "anormale", au sens de hors de la norme de la sexualité féconde, n'est pas en soi une faute. Le problème commence quand on passe aux actes sexuels avec une personne de son sexe; les effets sont les mêmes que pour les pratiques sexuelles "normales" ; on peut y trouver du plaisir, devenir même dépendant, tout comme les personnes "hétérosexuelles". Dans ce contexte précis d'addiction à la pratique sexuelle il est juste de parler "d'homosexualité" et "d'hétérosexualité" car dans les deux cas il s'agit d'une polarisation de la personnalité autour d'un domaine de la vie, important, mais pas essentiel, le sexe. Le vrai sens de l'attirance pour les personnes de son sexe est en revanche celle d'une souffrance structurante qui permet de comprendre, une fois assumée et intégrée, toute la valeur et la richesse de la communion charnelle et spirituelle entre hommes et femmes. Ces personnes ont d'ailleurs plus de facilité à créer des relations amicales fortes avec les personnes de sexe opposées.

Il convient donc de distinguer soigneusement l’attirance affectivo-sexuelle pour les personnes de son sexe, qui est une souffrance, comme peuvent être le handicap ou la maladie, et qui intégrée et acceptée est source d’une grande richesse intérieure et sociale d’une part, des actes homosexuels d’autre part. Ceux-ci ne sont pas essentiels à la personne, au contraire ils accentuent sa souffrance en aiguisant la conscience de l’impossible fécondité à laquelle aspirent les actes sexuels qu’elle pose.


2) Le rôle et la place des personnes ayant une attirance pour les personnes de leur sexe

Le rôle et la place des personnes attirées par celles de leur sexe est donc de vivre au nom et pour le compte de nous tous la souffrance qu'implique l'ambivalence présente dans toute relation humaines. Ce rôle difficile et exigeant repose sur la blessure ouverte et saignante qu'est pour elles le conflit constant entre attirance affective et réalité charnelle. Elles voudraient s'unir aux personnes de leur sexe, mais leur corps ne permet pas la communion féconde qui devrait couronner cette attirance. Deux options se présentent alors : sublimer ce conflit pour leur propre bien et le nôtre ou bien opter pour la satisfaction de ce penchant.

En contrepartie de cette blessure intime les personnes attirées par celles de leur sexe ont une grande sensibilité qui les prédisposent à exprimer et chanter l'expérience humaine à travers l'art, la création, la pensée, la science, tout comme nombre d'autres minorités marquées par la souffrance. Les plus grands artistes, scientifiques, penseurs ont souvent eu des tendances homosexuelles fortes et nous devons les aimer et les remercier pour ce service qui rend les hommes meilleurs et la vie plus douce à vivre.

Les personnes attirées par celles de leur sexe nous rappellent aussi la place relative et partielle de la vie familiale. Le couple homme-femme aimant, même s’il est un modèle d’accomplissement merveilleux n’est pas le tout de la vie humaine. D’autres domaines comme la vie de l’esprit ou de la charité ont même une importance plus grande et plus essentielle. Sans les arts ou la culture, la vie familiale serait sans idéal à vivre et à transmettre et resterait frustre et incomplète.

Enfin les personnes dites ‘‘homosexuelles’’ ont beaucoup à nous dire sur l’incomplétude de cette vie. Notre vie ici, même profondément heureuse ne peut satisfaire totalement notre cœur, ce que les personnes attirés par celles de leur sexe expérimentent tous les jours. Elles savent que le paradis sur terre n’existe pas et leur aspiration à pouvoir donner leur cœur autrement les rend capable de nous faire éprouver la nostalgie du ciel où toute souffrance sera définitivement effacée. Et leur cœur à vif souffre d’autant plus que les conditions matérielles de leur vie peuvent être difficiles.


3) Les besoins spécifiques des personnes vivant dans des couples non familiaux

Comme nous l’avons dit il y a un vrai problème, pas spécifique aux personnes homosexuelles, de protection des couples "non-familiaux" comme par exemple une veuve vivant avec son fils, deux sœurs, un oncle et sa nièces, deux amis d'enfance. Ces "paires" pour être plus exact mettent en commun leurs ressources affectives et matérielles et rendent un grand service à la société en vivant une solidarité concrète et simple. C'est cette solidarité qui doit être reconnue et soutenue, indépendamment des questions de vie intime que la société n'a pas à connaître car elles relèvent du cœur de chacun.

Par contre la reconnaissance sociale du couple "homosexuel" elle n'est pas envisageable car elle est une injustice faite au couple aimant homme-femme, le seul à même de transmettre la vie et qui est institué dans ce but. Ce service de transmission de la vie inclut celui de la culture et du patrimoine, ce qui autorise la formation de couples "stériles" car insérés  dans un projet familial plus vaste d'une part et parce que d'autre part on ne peut préjuger du résultat d'une union. La société demande donc juste que les conditions de possibilité de transmission de la vie soient réunies. Pour le reste il est sage de ne pas juger d’avance car la stérilité entre homme et femme est d'ailleurs accidentelle, pas essentielle, comme le montre le cas un peu exceptionnel d'Abraham et Sarah, parents d’Isaac à 99 et 90 ans. Le besoin des couples non familiaux doit donc être envisagé sous l'angle de la solidarité humaine et un simple contrat civil doit l'organiser.

Le problème est donc en fait l'intervention de l'état dans les contrats privés et la confiscation du patrimoine des personnes qui ne sont pas protégées par un contrat légal. En interdisant l'organisation spontanée de la solidarité humaine par le biais de la confiscation fiscale du patrimoine l'état a suscité l'apparition de mouvement de défense de l'égalité fiscale entre citoyens, d'abord entre concubins "familiaux" pour la défense de leur famille (conjoint survivant et enfants) et ensuite des personnes de même sexe.

Il se trouve que certaines personnes de même sexe vivant ensemble ont aussi des enfants. Le plus souvent ces enfants sont nés d’une union familiale antérieure, auquel cas le droit des couples séparés s’applique, sous le contrôle du juge, chargé de garantir l’équilibre financier et affectif entre les anciennes parties. Dans un certain nombre de cas plus restreints ces enfants sont nés de manipulations plus ou moins hasardeuses comme des dons de spermes, des mères porteuses, des adoptions truquées. Il revient alors au juge de rechercher le bien de l’enfant, au besoin en cassant des contrats civil illégaux et en rendant l’enfant à ses parents ou en le confiant à une famille aimante homme-femme. Là encore le juge doit appliquer le droit dans le respect du réel, en évitant autant que faire se peut les postures idéologiques. Si la moins mauvaise solution pour l’enfant est qu’il vive chez une paire de même sexe, il conviendra de respecter ce fait.

De même une solution possible parmi d’autres, mais qui permettrait de recréer une vraie solidarité de personne à personne, serait de rendre la liberté d’usage de leurs biens aux citoyens. Renoncer à l’état providence en contrepartie d’une reconnaissance fiscale des solidarités concrètes. On pourrait par exemple diminuer le taux d’imposition sur l’héritage et sur le revenu avec le nombre d’années passées ensemble ou le nombre de mois consacrés à aider un partenaire. Dans le même ordre d’idée on pourrait supprimer la progressivité de l’impôt en contrepartie d’une forte valorisation sociale des dons et des actions de solidarité. Dans un autre genre on pourrait rendre la liberté des contrats immobilier afin que chacun puisse avoir le contrat qui lui convienne : à plusieurs titulaires, avec transmission automatique du bail, avec usage au partenaire survivant… Cela permettrait de régler les situations au cas par cas en sortant de cette passion française pour les cases à cocher. ‘‘Ça dépend, ça dépasse’’ ce n’est pas qu’une réplique célèbre[2], c’est trop souvent le dilemme dans lequel se trouvent pris trop de personnes ‘‘hors normes’’.


En conclusion la vraie cause des problèmes créés par la loi Taubira est donc la prétention de l'état à régenter la vie privée des personnes en déterminant qui peut être avantagé fiscalement et qui non. Il s'agit là d'un des aspects de l'idéologie moderniste qui prétend que l'humanité ne doit pas se recevoir ni se reconnaître créature et partie d'un projet global, mais s'auto-créer et définir elle-même ce qu'est le réel. Dans ce cadre la famille traditionnelle est un ennemi car elle existe "naturellement" de façon spontanée et antérieure à toute organisation publique. Elle est donc un adversaire de cette idéologie qui pour cette raison cherche à l'éliminer. Dans ce combat le problème fiscal des paires "non familiales" a été instrumentalisé dans ce sens. En choisissant de les faire rentrer de force dans un modèle qui ne leur convient pas – le mariage – les tenants de cette idéologie voulaient détruire le modèle.

La question est là, accepterons-nous d'en débattre ? Ou bien resterons-nous à la surface des choses ?




[2] Josette, dans Le père Noël est une ordure